Le Patio, un style architectural arabo-andalous

À la fois ouvert et fermé, le patio est un paradoxe de l'architecture tunisoise, un vrai exemple d’ouverture introverti où l'imaginaire vogue à son aise, au gré des us et des saisons, et où les rêves les plus fous transcendes le temps et l'espace, tout simplement prennent vie.
Les expériences du passé et son appropriation contemporaine ont fait du patio, cet espace de vie d'intérieur, une pièce de vivre par excellence. Son rapport avec le monde extérieur, à la cité et à son brouhaha est totalement transcendé.
La délimitation du patio, son échelle et son orientation conditionnent l'ensemble de l'habitation et son rapport à l'extérieur. Quelle que soit l'échelle d'un patio, il comporte soit une vasque, soit une fontaine. C'est le premier espace tracé sur le sol lors de la construction d'une maison.
À la fois lieu de vie, de réception et de service, le patio est pratiquement le foyer de la maison. Il assure l'éclairage, le chauffage et l'aération du bâtiment. Il est totalement retiré du tumulte de la vie publique.
Généralement, toutes les pièces prennent le jour sur le patio et rarement sur la rue. Les proportions du patio (environ un quart de la parcelle) et son ornementation attestent du rang des maîtres de maison. Sa large superficie contraste avec les petits appartements, pièces situés tout autour.
L'arrivée des arabo-andalous à partir du 13e siècle a transformé l'usage du patio et ramené un raffinement supplémentaire à cet espace de vie. Le patio devient un luxurieux jardin d'intérieur avec son parterre en marbre. Le patio des maisons bourgeoises dispose généralement de galeries, supportant les appartements (pièces) situés à l'étage et renforçant la structure du rez-de-chaussée. Comble du raffinement, dans certains palais, on peut compter deux patios d'apparat : l'un situé au rez-de-chaussée à usage estival et l'autre à l'étage à usage hivernal.
Avec son charme d'antan ou en version stylisée et revisitée, la poésie, voire la magie de cet espace unique très souvent sublimé, conquit et enivre tout visiteur d'un dar, d'une maison bourgeoise, d'une grande demeure, d'un palais dans la médina de Tunis, Sousse, Sfax, Kairouan, etc.