La Médina de Tunis

Située dans une région fertile, au nord-est de la Tunisie et à quelques kilomètres de la mer, la Médina de Tunis fait partie des premières villes arabo-musulmanes du Maghreb.
Fondée en 698 autour du noyau initial de la mosquée Zitouna, elle développe son tissu urbain tout au long du Moyen Âge, vers le nord et vers le sud, se divisant ainsi en une médina principale et deux faubourgs : au nord (Bab Souika) et au sud (Bab El Jazira).
Devenue capitale du puissant royaume Hafside XIIIe siècle, foyer religieux et intellectuel et grand centre économique ouvert sur le Proche-Orient, le Maghreb, l'Afrique et l'Europe. Elle se dote de nombreux monuments où se mêlent les styles de l'Ifriqiya aux influences andalouses et orientales, mais qui empruntent également certaines de leurs colonnes ou leurs chapiteaux aux monuments romains ou byzantins.
Sous les Hafsides, du XIIIe au XVIe siècle, elle était considérée comme une des plus importantes et des plus riches villes du monde arabe. Il subsiste de nombreux témoignages de cette période et de périodes antérieures. Entre le XVIe et le XIXe siècle, les nouveaux pouvoirs lui ont donné de nombreux palais et résidences, de grandes mosquées, des zaouias et des médersas.
On y dénombre 700 monuments historiques, répartis sur sept zones, parmi lesquels les plus remarquables sont la mosquée de la Zitouna, la mosquée de la Casbah, la mosquée de Youssef Dey, la porte de Bab Jedid, la porte de Bab Bhar, le Souk el- Attarine, le Dar el-Bey, le Souk ech-Chaouachia, la Tourbet (mausolé des Beys), les demeures patriciennes telles que Dar Hussein, Dar Ben Abdallah, Dar Lasram, les Medrasa Es- Slimanya et El-Mouradia, la caserne d’El Attarine et la Zaouia de Sidi Mehrez.
Par ses souks, son tissu urbain, ses quartiers résidentiels, ses monuments et ses portes, la médina de Tunis est parmi les médinas les mieux conservés du monde islamique. Elle est à la fois un ensemble urbain homogène et une juxtaposition de sous-ensembles présentant chacun une caractéristique : chaque quartier est en quelque sorte, une « réduction » de la ville.
L'urbanisme de la médina de Tunis a la particularité de ne pas obéir à des tracés géométriques ni à des compositions formelles (quadrillage, alignements, etc.). L'organisation complexe du tissu urbain a alimenté toute une littérature coloniale où la médina dangereuse, anarchique et chaotique semblait le territoire du guet-apens. Pourtant, des études entamées dans les années 1930 avec l'arrivée des premiers ethnologues ont permis de démontrer que l'articulation des espaces de la médina n'est pas aléatoire : les maisons s'articulent de manière socioculturelle, codifiée selon les types complexes des rapports humains. De nombreuses publications ont détaillé le modèle de développement de la médina et le système de hiérarchisation des espaces collectifs et privés, résidentiels et commerciaux, sacrés et profanes.
On peut relever des axes nord-sud et est-ouest (rues Sidi Ben Arous, Jemaâ Zitouna et du Pacha) qui s'entrecoupent au niveau de la cour de la mosquée Zitouna, foyer de prière et d'étude. On distingue ensuite les rues principales, les rues secondaires (équipements de quartier) et les impasses (venelles), ensemble de parcours privés parfois réservés aux femmes.
Le domaine bâti est caractérisé en général par l'accolement de grandes parcelles (600 m2 environ) et la mitoyenneté. Il s'ensuit un enclavement des lots et des bâtiments les plus éloignés du réseau principal, ce qui justifie les ruelles et impasses d'accès établies par cession ou droit de passage. Une disposition juridique octroie « la propriété de l'air » et permet l'édification de construction formant une voûte sur l'espace de la voie publique sous réserve qu'il n'en résulte aucun dommage pour les passants. Il est d'usage que la hauteur de la voûte permette le passage sans encombre d'une charrue chargée.
Architectures domestiques (palais et maisons bourgeoises), officielles et civiles (bibliothèques et administrations), religieuses (mosquées, tourbas et zaouïas) et de services (commerces et fondouks) présentent une grande porosité malgré un zonage clair entre les commerces et l'habitation. Les souks nobles sont situés aux abords directs de la mosquée Zitouna (parfumeurs, libraires, tisserands de soie et bijoutiers) et les souks pauvres (teinturiers et serruriers) au niveau des remparts et dans le quartier méridional (parfois même extra-muros).
La notion d'espace public est ambiguë dans le cas de la médina où les rues sont considérées comme le prolongement des maisons et soumises aux balises sociales.
Dans le cas des architectures domestiques, plus elles sont en retrait des commerces, plus elles ont de valeur. La notion de retrait et d'intimité est donc primordiale. Les terrasses de la médina sont également un lieu important de la vie sociale, idée illustrée par le film Halfaouine, l'enfant des terrasses de Férid Boughedir. Les rituels et horaires de fréquentations assurent une mixité informelle.
Aujourd'hui, chaque quartier de la médina conserve sa culture et les rivalités peuvent être fortes. Ainsi, le faubourg nord supporte le club de football de l'Espérance sportive de Tunis alors que, à l'autre extrémité, c'est le quartier du grand club rival du Club africain.
La médina connaît aussi une sectorisation sociale : le quartier du Tourbet El Bey et le quartier de la kasbah sont les deux quartiers aristocratiques, avec une population de juges et de politiciens, tandis que la rue du Pacha est celui des militaires et des bourgeois (commerçants et notables). (article revisité source : Wikipédia - CC-BY-SA IGO 3.0)